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La fondation d’Apamée-sur-l’Oronte par Hercule et Séleucos Ier

Apamée de Syrie, fondée par Séleucos Ier, fut l’une des cités rivales d’Alexandrie d’Egypte. Elle aussi possédait un fondateur prestigieux.

Apamée-sur-l’Oronte, fut l’une des quatre cités fondée par Séleucos Ier Nicator en Syrie. Ce dernier était l’un des anciens généraux d’Alexandre le Grand. En quelques années, il réussit, aux prix de nombreuses guerres, à s’emparer de la Mésopotamie, de la Perse, de la Bactriane, de la Syrie, de l’essentiel de l’Anatolie. Comme Alexandre, il fonda de nombreuses cités. L’historien antique, Appien d’Alexandrie décrivit cette politique: «D’un bout à l’autre de son empire, il fonda seize Antioche en l’honneur de son père, cinq Laodicée en l’honneur de sa mère, neuf cités tirant leur nom du sien, et quatre en l’honneur de ses femmes : trois Apamée et une Stratonicée. Les plus célèbres, encore de nos jours, sont Séleucie sur mer et Séleucie du Tigre, Laodicée de Phénicie et Antioche au pied du mont Liban, ainsi qu’Apamée de Syrie» (Le Livre syriaque, LVII, 295-296).

La Tétrapole de Syrie

En Syrie, Séleucos fit bâtir quatre villes en 300 avant notre ère: Séleucie de Piérie, Apamée-sur-l’Oronte, Laodicée-sur-Mer et Antioche de Syrie. Le plan d’Apamée était rectangulaire. Elle possédait un puissant rempart et une citadelle. Le géographe Strabon décrivit cette cité syrienne: «C’est là que Séleucos Nicator gardait ses cinq cents éléphants et la plus grande partie de son armée, ce que firent aussi ses successeurs […]. Siégeait également à Apamée un bureau de vérification des comptes de l’armée et un élevage de chevaux. Cet élevage, qui appartenait au roi, comptait plus de trente mille juments et trois cents étalons. On trouvait là des maîtres d’équitation, des maîtres d’armes et tous les gens payés pour enseigner l’art de la guerre» (Géographie, XVI, 2, 10).

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Rivalité avec Alexandrie d’Egypte

Alexandrie d’Egypte, la capitale de Ptolémée, rival de Séleucos, possédait un illustre fondateur en la personne d’Alexandre le Grand. D’après la légende, Homère lui serait apparu en songe pour lui désigner l’emplacement de la future métropole. Les descendants de Séleucos Ier décidèrent eux-aussi de faire élaborer une légende de fondation prestigieuse.

Sous Antiochos III le Grand, le directeur de la bibliothèque d’Antioche de Syrie, Euphorion de Chalcis rédigea une légende concernant l’origine d’Apamée-sur-l’Oronte. Malheureusement, ce texte n’a pas été conservé.

Oppien d’Apamée et la fondation d’Apamée

Au début du IIIe siècle de notre ère, le poète Oppien, un citoyen d’Apamée rédigea un traité de Cynégétique, l’art de la chasse, pour l’empereur Caracalla, grand adepte de cette discipline. Oppien s’inspira du texte d’Euphorion de Chalcis.

D’après Oppien, Héraklès (l’Hercule romain) vint dans la région des siècles avant Séleucos Ier. Il dompta le fleuve Oronte et chassa ses eaux de la plaine, il modifia la place des montagnes, créant ainsi la place pour établir la cité de Séleucos: «Il enferma ce vaste ouvrage lorsqu’il sectionna entièrement la couronne des montagnes environnantes et détacha leurs liens de pierre, puis envoya à leurs pieds le fleuve mugissant qui écumait irrésistiblement et murmurait sauvagement. Ensuite, il le guida vers les côtes» (Cynégétique, chant II, v. 130-140).

Ainsi, Apamée fut fondée par un demi-dieu qui était le modèle d’Alexandre le Grand. Séleucos Ier ne fit qu’achever l’œuvre d’Héraklès.

Bibliographie sélective :

BALTY (J.Ch.), Apamea in Syria in the Second and Third Centuries A.D., dans The Journal of Roman Studies, v. 78, 1988, p. 91-104.

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BALTY (J. & J.Ch.), Apamée de Syrie, archéologie et histoire. Des origines à la Tétrarchie, dans Aufstieg und Niedergang der römischen Welt, II, Principat, b. 8, s. dir. TEMPORINI (H.), HAASE (W.), Berlin, New York, 1977, p. 103-134.

BERNARD (P.), I. Une légende de fondation hellénistique : Apamée sur l’Oronte d’après les cynégétiques du Pseudo-Oppien. II. Paysages et toponymie dans le Proche Orient hellénisé, dans Topoi, t. 5, 1995, p. 353-408.

WILL (E.), Antioche sur l’Oronte, métropole de l’Asie, dans Syria, v. 74, 1997, p. 99-113.

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