Ainsi parlait Zarathoustra est un livre tout à fait à part dans l’œuvre de Nietzsche, «un livre pour tous et pour personne». Œuvre poétique, lyrique, d’une grande richesse symbolique, elle présente la philosophie de Nietzsche sous une forme inédite.
Nietzsche ne se soucie pas de la réalité historique de Zoroastre, sage perse du VIe siècle av. J.-C., qui enseignait que la réalité tout entière est issue d’un combat entre deux principes antagonistes, le bien et le mal. Zarathoustra est chez Nietzsche le porte-parole de sa propre philosophie.
Ainsi parlait Zarathoustra est composé de quatre parties, et a été rédigé par Nietzsche en quatre périodes de dix jours, dans un état de grande exaltation, entre 1883 et 1885. Il contient une succession de «discours» de Zarathoustra, s’adressant tantôt à la foule, tantôt à ses seuls amis, portant sur des sujets aussi variés que l’amitié, l’État, la mort, le corps, la chasteté, etc.
Le thème de la mort de Dieu
«Dieu est mort» : dès le prologue qui ouvre la première partie, Zarathoustra fait résonner cette nouvelle. Dieu est mort et ce sont les hommes qui l’ont tué, en cessant de croire aux plus hautes valeurs qu’ils avaient auparavant adorées. La mort de Dieu ouvre une ère nouvelle, celle où le nihilisme progresse.
Le thème du dernier homme
Le dernier homme, c’est l’homme moderne qui peut se réjouir de la «mort de Dieu» sans en mesurer le moins du monde les conséquences. Il s’installe dans le nihilisme, il croit que l’humanité est en progrès, il juge de haut les périodes passées qu’il ne comprend plus: il ne voit rien de supérieur au confort, à la sécurité, à l’égalité entre les hommes. Toute aventure humaine qui vise au-delà de ces «valeurs» lui semble incompréhensible, et même risible.
Le thème du surhomme
Le surhomme est très exactement le pendant du dernier homme, l’autre possibilité qui s’ouvre, peut-être, devant l’humanité aux prises avec l’événement de «la mort de Dieu» : le surhomme, c’est celui qui comprend que si Dieu est mort, si les valeurs suprêmes n’existent pas quelque part pour le guider, pour lui indiquer ce qui est bien ou mal, alors c’est à lui qu’incombe la tâche difficile de créer ses propres valeurs, de donner naissance à son propre idéal. L’humanité n’est pas un but en soi, elle ne vaut que par ce qu’elle sera capable d’engendrer.
Le thème de l’éternel retour
«Conception fondamentale de l’œuvre», d’après Nietzsche, l’idée de l’éternel retour est peut-être la plus difficile à comprendre. Alors que toutes les religions opposent le temps et l’éternité, pour n’accorder une valeur suprême qu’à cette dernière, Zarathoustra enseigne que c’est le temps lui-même qui est éternel: «courbe est la sente de l’éternité»; chaque événement de l’histoire – et de nos vies – devant se reproduire une infinité de fois, éternellement. L’idée de l’éternel retour est alors l’épreuve suprême pour le surhomme: être capable de dire oui à cette idée, de l’accueillir comme une bonne nouvelle, est la forme la plus haute de l’acquiescement, la plus haute façon d’approuver sans réserve ce monde et cette vie, au lieu de leur opposer – et de leur préférer, comme les religions – un autre monde.
La réception de l’œuvre
Ainsi parlait Zarathoustra a toujours revêtu une importance particulière aux yeux de Nietzsche. Livre passé pratiquement inaperçu du vivant de son auteur, Nietzsche le qualifiait de «Cinquième Évangile», de «plus grand cadeau jamais fait à l’humanité»; il annonçait qu’un jour on diviserait l’histoire de l’humanité en deux périodes: avant et après la publication de son Zarathoustra. Depuis la mort de Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra a joué un rôle prépondérant dans la découverte de sa philosophie, en particulier par André Gide, Thomas Mann, Stefan Zweig ou Hermann Hesse, mais aussi dans les contresens dont elle a fait l’objet.
Ainsi parlait Zarathoustra - Friedrich Nietzsche
Ainsi parlait Zarathoustra, sous-titré « Un livre pour tous et pour personne » est un poème philosophique de Friedrich Nietzsche, ...